Pas plus tard qu'hier, j'ai eu à nouveau une discussion un peu houleuse à ce sujet.
Je travaille à l'administratif pour un groupe de musique, à programmes variables. Le plus ancien et le moins joué doit se produire mi-juillet (donc très bientôt).
Et voilà qu'un des musiciens a décidé de se mettre en AE, pour pouvoir facturer des cours qu'il donne par ailleurs. Jusque là, ok, pas de souci.
Là où ça a commencé à devenir pénible, c'est lorsque j'ai voulu qu'il me contacte à propos du concert, savoir si je lui faisais un cachet ou non, et lui faire part de mes réticences à accepter une facture AE pour un concert.
J'ai eu droit à :
- "je ne veux pas payer de charges (en étant salarié) parce que ça ne me rapporte rien". Le truc FAUX par excellence parce que si, il y a bien des cotisations sécurité sociale, retraite, congés, formation, etc qui donnent des droits. Ah bien sûr, monsieur ne peut plus magouiller ses cours en cachets donc fatalement, il ne peut plus être intermittent...
- "de toutes façons, si je ne peux pas facturer en AE, je ne fais pas la date". Là, je tombe un peu des nues : le mec il préfère ne pas jouer plutôt que gagner un cachet avec un salaire net ! Je rêve !
- "c'est mieux que de faire passer les cours en cachets". Là, on a confirmation de la frustation... et puis, on subordore que là, monsieur fait la morale à des prétendus cachtonneurs. Mais autant, effectivement les cours en cachets sont illégaux, que l'artiste en AE l'est tout autant, il n'y a pas de "mieux", de "plus" ou de "moins" dans la légalité.
Alors, vous savez quoi ? avoir ce genre de discours dans les oreilles à cause de l'AE, eh bien je me mets à être archi contre, non mais ho !
Les gens se mettent à croire qu'ils sont plus gagnants à donner 20 % de leur revenu sans aucun droit derrière qu'en étant salariés, on marche sur la tête.
Et toujours cette magouille de faire croire qu'on est animateur... excusez du peu, mais quand on a 5 musiciens sur scène qui sont salariés, et un animateur (sur la même scène), ça fait juste carrément tache !
Marre des gens comme ça, qui magouillent, qui la ramènent et font les stars (parce qu'il y a le côté "je suis à mon compte, genre libéral, donc je m'assume, je paie mes charges moi-même alors que vous, intermittents, vous vivez au crochet des Assedic", discours qui n'est jamais issu que de la frustration de ne pas faire assez de dates pour être eux-mêmes intermittents) qui veulent donner des cours de législation, parce que, bien que la circulaire de janvier soit extrêmement claire, ben non, c'est eux qui ont raison.
Bref, avec leur truc, ils cassent soit-disant légalement la concurrence, ils se la jouent sans même se rendre compte qu'ils se tirent une balle dans le pied.
Les artistes qui se déclarent tout bien en tant que salariés, qu'ils soient intermittents ou non, commencent maintenant à sérieusement black-lister les AE.
Voilà, ce sont des faits, suivis d'avis, qui sont un peu récurrents, d'où le fait que je les exprime. Ca, c'est au niveau des artistes. Au niveau des techniciens, c'est plus simple. Pour les mêmes raisons (ne pas pouvoir boucler son dossier), certains se mettent en AE. Distorsion de concurrence là aussi, déjà au niveau du tarif qu'ils facturent, bien que, les boites de presta ont tendance à donner un tarif, déclaré ou facturé, peu importe. Par contre, ce sont des métiers quand même assez physiques, alors, en cas d'accident que se passera-t-il pour l'AE ?
En résumé, dans le secteur du spectacle, l'AE est de plus en plus considérée comme une plaie, et ceux qui facturent en AE s'en vantent de moins en moins, hormis quelque allumé égocentrique qui croit encore que c'est la panacée.